Premières images ternes et secouées. La caméra traque le visage pâle de Fabrizio Rongione, déjà vu dans Rosetta. Un rendez-vous à l’Orbem, une dispute de couple qui sonne faux. Encore un film belge à petit budget, social et ennuyeux ? Pas si vite. On devine une intention derrière les choix peu esthétiques du réalisateur, Joachim Lafosse. Une question plutôt : La vie sans fards ni paillettes vaut-elle un film ? Le public peut-il apprécier autre chose que du faux et du surjoué ? Confronté à ses désirs de beau et de romancé, le public se remet en question et accepte les règles du jeu.
Mais il faut admettre que tout cela sonne juste. La petite équipe qui se met en place autour du projet de film de Fab (Fabrizio Rongione) se compose de gens ordinaires. Un producteur hypersensible sans le sou, une perchwoman frustrée, une maman qui a besoin d’air et une ‘ex’ qui ne manque pas de franc-parler. Dans le rôle d'Anne, plus vraie que nature, Catherine Salée fait rire aux éclats. Autre atout de ce casting très varié : le savoureux mélange d’accents et de langues nationales, sans l’ombre d’un conflit. Dat maakt je blij.
C’est donc avec bonheur que Joachim Lafosse signe un film simple et juste. Obstinément, le jeune réalisateur belge casse le mythe du septième art pour le remettre, en petits morceaux certes, à hauteur du public. Comme il semble humain ce petit cinéma plein de complications et de soucis de tournage. Qu’il est éloigné des images qu’on s’en faisait. Modeste, léger, réaliste, inattendu, savoureux et drôle… C’est du bon et, sans l’ombre d’un doute, c’est du belge.