Avec une justesse et une pertinence tout à fait adéquates, une partie du montage en parallèle convoque notre aptitude à nous identifier tantôt en la personne en souffrance, tantôt en son interlocutrice. Nous pouvons nous placer affectivement et émotionnellement à la place de Tom ou de Joséphine, parfois au milieu, sans aucun voyeurisme.
Tom aurait pu être estropié, manchot, en chaise roulante, mais au contraire, il est d'une agilité formidable dans ses danses exutoires à ses états d'âme. Lorsqu'il évoque un morceau du groupe America de 1971, cette phrase nous revient en mémoire « I've been to the desert on a horse with no name. It felt good to be out of the rain » (Je suis allé dans le désert sur un cheval sans nom. C'était agréable d'être à l'abri de la pluie). On saisit immédiatement, dans son contexte, cette métaphore que Tom tient à cœur : quitter la confusion de la vie pour un lieu calme, un lieu de paix !
Tom vit. Tant qu'il échappe à l'institution psychiatrique, il a l'incroyable liberté de faire un choix chaque jour, à chaque instant. Qu'il frôle l'utopie, qu'il se balance à corps perdu, il a malgré tout le soutien de ses proches qui participent de cette liberté, non sans questionnement, et lui montre ainsi leur véritable amour.
Le film a ceci de nécessaire qu'il y respire un immense respect pour Tom pour son parcours par moments borderline. Joséphine nous montre un éclairage pour accompagner ces personnes dans leur monde en constellation. On pourrait conclure sur un détail qui a son importance et qui n'échappera pas aux aficionados du 9e Art lorsque, sur une étagère, on remarque la couverture du tome 2 de l'un des meilleurs romans graphiques probablement de tous les temps dont rien que l'intitulé est évocateur « Moi, ce que j'aime, c'est les MONSTRES » (Emil Ferris).