Ce qui restera de Chambre froide n'est ni son histoire, ni son thème des plus banals. L'affrontement mère-fille sur base d'un d'Electre en résolution douloureuse sur l'air du "famille, je vous hais!", le cinéma, le belge en particulier, nous en a donné plus que sa part. Pas davantage le réalisme social qui, chez nous, devient une marque de fabrique.
Ce dont on se rappellera, c'est cet extraordinaire affrontement de deux femmes, si proches et qui se déchirent sauvagement. Cette violence sourde née de la brutalité des sentiments, de la dureté des paroles de haine et de rejet, plus dures encore quand elles viennent des plus intimes de vos proches. La férocité rauque de Francine Blistin qui, avec une densité tragique qu'on lui connaît peu, compose un personnage compact, caparaçonné d'insensibilité pour ne pas "tomber dans le trou"(comme dirait l'autre); à laquelle répond la violence de Rita (Anne Coessens), autant déterminée à échapper à cet enfer.
Le réalisateur saisit ce duel dans le mouvement. A l'âpreté des personnages, répond celle des images. Mais il se pose en observateur neutre, suffisamment en tous cas pour nous permettre de voir les peines, les peurs et finalement l'amour qui se cachent derrière tant de haine. Cette terrible humanité de ses personnages, qu'il nous fait partager avec l'aisance révélatrice d'un long travail, fait de Chambre froide un film dont on se souvient.