Le montage adopté est celui d'une recherche commentée par la cinéaste elle-même à laquelle elle mêle le matériau filmique qu'elle avait enregistré lors de ses premières rencontres avec Andrii. Ce format passionnant devient la tentative difficile de recomposer le visage et la personnalité de cet homme. Découvrir la vérité devient l'impossibilité du film. Au contraire de cette sculpture du visage d'Andreii que nous verrons en train de se faire tout au long du film, le portrait filmique se brouille au fur et à mesure: mythomane ? Joueur ? Acteur ? Chaque avancée, chaque nouveau plan, chaque nouveau témoignage bouleverse et complexifie cette recherche. En filigranes, le film pose la question du statut des images, de leur pouvoir et ce qu'elles disent ou non sur le réel. La voix-off très présente de Sarah Moon nous implique dans ses doutes, ses angoisses. Elle interroge également son éthique par rapport à son sujet. En aurait-elle fait autant pour Andreii s'il n'y avait pas eu ce film ?
La seconde partie du film se concentre sur l'arrivée d’Andrii en France. Invité par le Conseil de l'Europe, il pourra y dénoncer les conditions de vie des personnes handicapées et des personnes LGBT en Ukraine. Car militant homosexuel, sa vie est d'autant plus menacée dans un pays très marqué par l'homophobie et l'intolérance. Sarah Moon Howe va l'accompagner dans ses démarches pour demander le statut de réfugié afin de pouvoir rester en France, jusqu'à leur rupture définitive. Il ne restera plus à Sarah qu'à essayer de comprendre. Sans lui désormais. La dernière partie est particulièrement émouvante, l'histoire familiale marquée par le mensonge et la honte déroute un peu plus et multiplie les visages de ce personnage fantomatique.