Sojcher ajoute : « L'offre ne suffit pas à créer la demande, encore faut-il que le public soit au courant de ce qu'on lui propose ». Nous savons que les films américains ont un marketing orchestré d'une main de maître. Les journalistes européens, particulièrement dociles, sont invités à Hollywoood plusieurs jours. Un film et deux jours, dans la cité des anges, en prime. Etonnez-vous de découvrir que presque chaque semaine, on vous parle d'excellents films hollywoodiens à une époque particulièrement pauvre en cinéma intéressant.
Les mêmes « professionnels de la profession » n'hésitent plus à se moquer des expériences du cinéma artisanal quand il est asiatique, il faut une Palme d'or pour signifier que le film d'Apichatpong Weerasethakul ressemble à un nuage islandais. De nombreux exploitants programment des films dans leurs salles « sans les avoir vus préalablement ». Le choix se pratiquant à partir du buzz d'un festival ou d'un marketing qui, dans le bref-bref de l'époque, s'impose comme le dictionnaire Larousse de la langue française.
Manifeste du cinéma est une mise à plat d'un cinéma qui risque de filer et de défiler dans les dogmes du néolibéralisme : le marché roi et la privatisation des espaces publics.
Le livre nous propose des pistes pour éviter les peaux de bananes que le marketing nous impose. D'abord, dix propositions d'un manifeste pour les cinéastes. Ensuite, le livre offre dix pistes pour innover plutôt que de pédaler dans le surplace. Ici et maintenant, comme on disait dans les années soixante, lorsque l'époque croyait à son avenir. Epinglons particulièrement une réglementation vertueuse, des clauses de mutualisation et de diversité, Internet à hiérarchiser, des nouvelles formes de promotion et l'Ecole du cinéma.
Le Manifeste du cinéaste de Frédéric Sojcher aux Editions Klinsieck