Un petit garçon perd sa maman et ses jambes dans un accident de voiture. Comment survit-on à un tel drame ? Chacun survit à un tel drame avec ses armes, ici celle d’un petit garçon d’une dizaine d’années : à coup de rêves, de dessins, d’imaginaire rebondissant, à coup de voyages dans le temps, à force d’enfance justement. La beauté de Bona Nox, c’est d’entrer de plein pied dans l’univers enchanté, enchanteur de l’enfance. Construit à partir de ce fond merveilleux, le film prend son départ dans cet éternel « Et si ? » par où commencent toutes les histoires, et surtout celles de l’enfance et nous plonge, par la voix off, dans son intimité rêveuse, ludique et blessée. Sans rien n’omettre de la violence de l’évènement.
Ultra maîtrisé, très découpé, variant les angles et les échelles de plans, l’univers de Bona Nox a pafois des airs de bonbons acidulés sixties et d’autres fois, les teintes des pires cauchemars de l’enfance. Il joue sur les contrastes et la théâtralité des reconstitutions, des airs décalés qui le propulsent loin de toute tentative de réalisme dramatique. Ses allées et retours temporels, cette inventivité visuelle et narrative, l’histoire même de ce petit garçon et de ses armes innocemment choisis pour continuer à vivre l’évènement dramatique et s’en ressaisir, tout cela évoque sans cesse le cinéma selon Jaco Van Dormael. Jules Eerdekens a signé le making of de Mister Nobody et on comprend pourquoi. Bona Nox, son quatrième court métrage, affirme magistralement son héritage. Sans doute des esprits chagrins s’en offusqueront pour mieux faire la moue. Mais pourquoi bouder son plaisir puisque c’est réaliser avec brio, intelligence et inventivité ?