Dans l’univers des garçons entre eux, leur chahut, les cours de récrés et les profs, tout un réel que le film déroule, quelque chose d’autre vient se glisser dans les marges, construit sur le silence et les non-dits, comme une tension, une menace. Peu à peu, deux regards, deux corps, se croisent, s’effleurent, se cherchent et se fuient. Dans un internat pour garçons, quelque chose (se) passe entre un élève et un surveillant (magnifiquement interprété par Vincent Lécuyer) qui ne dit pas son nom, qui se tapie dans des regards à la sauvette, des expressions de défis ou des appels muets.
Le film cherche (et trouve) sa tension entre une caméra portée dans le sillage des corps en mouvements, et des points de vue qui se révèlent subjectifs. L’origine du regard est sans cesse comme dérobée, fuyante, changeante toujours avant que d’éclaircir son propre mystère. Ralentis électriques autour d’un regard attrapé. Toute une chorégraphie des regards puis, des désirs se met en place. L’ambiance sonore et musicale très travaillées complètent l’état d’apesanteur, un peu en marge du monde des étudiants - pourtant bien présent à l’écran -, que le film construit, état menacé et menaçant, tension du désir et des limites à transgresser ou pas. Atomes, très stylisé, fait la démonstration de son savoir-faire avec pas mal d’aisance.