Pendant un an les enfants apprennent le fonctionnement et le maniement de la caméra et du développement de la pellicule, découvrent des films d’art et d’archives.
Dans une société qui va trop vite et où la production de contenus audiovisuels n’a d’égal que la frénétique consommation que l’on en fait, cet atelier fait figure de singularité presque anachronique. Une approche du cinéma que l’on pourrait considérer au premier abord à contre-courant mais qui répond à de nombreux enjeux pédagogiques, cognitifs et sociaux.
Ici les gamin-e-s apprennent à penser leur sujet en amont, choisir leur cadre, compter les secondes qui défilent, séparant l’instant présent de la fin de la bobine. Ils découvrent des films d’art et d’archives, apprennent à décomposer l’image pour mieux la composer par après. Le sujet de ces films noir et blanc c’est le quartier qu’ils habitent. Les cartes postales qu’ils ont réalisées sur différents lieux qui leurs sont proches, sont autant de prétextes au questionnement de l’environnement quotidien.
Ce sont également des rencontres, comme celle des jeunes vidéastes avec les musiciens de l’Orchestre sauvage, un autre groupe d’enfants habitant la cité de logement social des Visitandines, à quelques kilomètres de là, qui ont composé avec leurs instruments inventés et conçus de toute pièce, une musique originale pour les films de l’atelier. “On apprend plus de choses qu’à l’école”, dit l’un d’entre eux. Si l’assertion est difficile à vérifier, il est certain que la dynamique de l’atelier, ses objectifs concrets, son approche pratique et créative, sont de puissantes dynamiques d’apprentissage.
Continuité logique à cette démarche de mise en action et de responsabilisation des jeunes, ces films sont ensuite montrés lors de séances publiques ou chaque participant a également son rôle à jouer, de l’accueil du public, à la présentation de leurs réalisations.
Ils sont beaux ces films en super 8 où le grain de la pellicule côtoie la candeur de l’enfance, puissent-ils vivre longtemps et s’épanouir, loin des produits prêts à consommer qu’on nous sert ad nauseam sur petit et grand écran.